KarineBaudot

Lettres aux jeunes poétesses.
@larche_editeur @litt_etc.


Chèr.e.s poétesses.

Je vous écris de la dernière ligne de vos lettres. Pour certaines, je connaissais déjà votre rythmique de parleuses. Littérature etc. Pour d’autres, je vous ai lues pour la première fois. VOUS TOUTES. Revendicatives. Réactives. Radicales. Je vous ai entendues. Modernes. Inventives. Passeuses. Lire et entendre autrement. Subvertir la norme. Explorer la forme. Rompre avec l’assignation. Disruper le genre. Libérer la parole. Seule la parole compte. La parole vivante. La parole sublimatoire. La parole encrée. Scandée. Projetée. L’amplitude, l’énergie l’élégie, la tension, la tessiture de la parole. Qui raconte l’histoire de vos écritures. De nos lectures. De notre commun de femmes. La parole aux mots.

Je vous écris de la dernière page de vos lettres. Correspondance à vingt-et-une voix. Qui défriche de nouvelles voies. Qui clament des désirs inassignables. Qui imposent des besoins impérieux. Musiciennes, metteuses en scène, performeuses, traducteurices, auteurices et surtout poétesses (voire poétasses avec allégresse), vous exigez  le droit de vous scinder en collectif sans identité émergente, le droit de balayer le passé, le droit de dénoncer la misogynie du monde de l’édition, le droit de détourner les codes sociaux. Non seulement le droit mais la nécessité de mettre le feu aux idéologies étriquées. De brûler le conservatisme hétéropatriarcal ou la domination racisée systémique. Le droit aux flammes des poétesses guerrillères. Des premiers brasiers de Kathy Acker, Grisélidis Real, Audre Lorde, Mririda N’Ait Attik, Maya Angelou aux incendies de @miladyrenoirmiladyrenoir, @rimbattal, @rebeccachaillon @lisettelombe @wendydelorme, @chloe_delaume_ #MarinaSkalova, le collectif RER Q etc. VOUS TOUTES. Des étincelles. 
Je vous écris des mots refermés de vos lettres mais certainement pas enfermés, votre engagement féministe qui ruissèle dans la tête et sur la langue. Les mots cerfs-volants dans les yeux comme des milliers de ficelles auxquelles se suspendre, nous surprendre. Une puissante envie de sentir encore dans les synapses votre souffle sorcière, gouine, mère, célibataire, midinette qui refuse les assignations. Le grondement radical de la sororité. Le tonnerre d'un lien non pas universel mais qui déclenche. Qui active.
Qui réactive. Jouir de vos éclats. Se réjouir de vos lettres. De la jouissance de la liberté poétique. Dans un monde de feu ou de cendres. Faire jaillir le vivant. Un dating avec des soeurs de papier. VOUS TOUTES.
Le regard conjugué au présent. Dans le silence de nos êtres. La solitude est un poème écrit.
Je vous écris de la dernière injonction de vos lettres : tiens bon, ne mollit pas ! Tenir, tenir, tenir. Ne pas faiblir. Jaillir. Eblouir.
Grâce à l'éclat foudroyant de vos mots. Et ceux que d'autres rédigeront dans vos pas tant vos correspondances ouvrent des espaces à construire. Vos lettres invitent, vos lettres incitent, vos lettres légitiment.
Ne pas mollir, s'étioler, s'anémier. Rugir de désir, de colère, de rage, de plaisir, de douleur. Oter les cagoules imposées.
Enlever les échardes dans les yeux.
Poétiser dans le désert. Sur les quais de bord de mer. Sous les barres d'immeubles.
Sur les parvis des métropoles. Exploser le béton de la langue. Seule la parole compte.
Ce qu'on s'autorise. Ne pas se sous-estimer. Divulguer. Rétorquer. Résister.
Nommer. Rassembler. Semer. Aimer. Au domaine de la prosodie, le verbe est vulve.
Écrire. Ecrire. Ecrire. Aux mots poétesses...
la poésie est un corps de combat !
KarineBaudot

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